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HISTOIRE, PATRIMOINE, PEINTURE, SCULPTURE, PERFORMANCE,

LA RÉGENCE À PARIS - L’AUBE DES LUMIÈRES

LA RÉGENCE À PARIS - L’AUBE DES LUMIÈRES
LA RÉGENCE À PARIS - L’AUBE DES LUMIÈRES
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LA RÉGENCE À PARIS - L’AUBE DES LUMIÈRES

20 OCTOBRE 2023 – 25 FÉVRIER 2024

LE MUSEE CARNAVALET

 

« Voici le temps de l’aimable Régence, Temps fortuné marqué par la licence, Où la Folie agitant son grelot D’un pied léger parcourt toute la France, Où nul mortel ne daigne être dévot, Où l’on fait tout excepté pénitence.

 

Le bon Régent de son Palais-Royal Des voluptés donne à tous le signal. » Voltaire, La Pucelle d’Orléans, 1752

Le musée Carnavalet – Histoire de Paris présente une exposition consacrée à la Régence, période oubliée de l’histoire qui marque le retour du roi et de la vie politique, économique et culturelle à Paris.

Louis XIV meurt le 1er septembre 1715 à Versailles. Il laisse derrière lui une France endettée et, comme héritier, un enfant de 5 ans trop jeune pour régner, Louis XV. Le 2 septembre, le duc Philippe d’Orléans (1674-1723), neveu du défunt, prend la régence du royaume.

L’exposition s’inscrit dans la commémoration du tricentenaire de la disparition du Régent.

En 1715, la cour, le pouvoir, toutes les administrations se réinstallent à Paris, deuxième ville d’Europe, qui voit alors sa population s’accroitre considérablement. La ville, en particulier le Palais-Royal, résidence du Régent, devient ainsi le cœur de la vie politique. S’ensuit une période d’une intense effervescence culturelle qui donne naissance à un monde d’innovations philosophiques, économiques et artistiques : Voltaire, Marivaux, Montesquieu, Law, Watteau… en sont les héros les mieux connus. La frénésie économique et financière, avec l’invention du papier monnaie et la banqueroute de 1720, la ponctue de coups de théâtre retentissants. Sous la Régence naît une liberté nouvelle de critiquer, ce que l’on appellera l’esprit des Lumières.

La structure thématique choisie pour le parcours de l’exposition met en évidence les innovations de la période pour en mesurer leur portée historique. Plus de 200 œuvres (peintures, sculptures, œuvres graphiques, éléments de décors et de pièces de mobiliers), issues de collections publiques et privées, permettent d’explorer cette période de l’histoire et de rendre compte des mutations de la société au moment où Paris s’impose comme la capitale culturelle de la France, et cela de manière durable.

 

Le musée Carnavalet – Histoire de Paris présente une exposition consacrée à la Régence, période oubliée de l’histoire qui marque le retour du roi et de la vie politique, économique et culturelle à Paris.

Louis XIV meurt le 1er septembre 1715 à Versailles. Il laisse derrière lui une France endettée et, comme héritier, un enfant de 5 ans trop jeune pour régner, Louis XV. Le 2 septembre, le duc Philippe d’Orléans (1674-1723), neveu du défunt, prend la régence du royaume. L’exposition s’inscrit dans la commémoration du tricentenaire de la disparition du Régent.

En 1715, la cour, le pouvoir, toutes les administrations se réinstallent à Paris, deuxième ville d’Europe, qui voit alors sa population s’accroitre considérablement. La ville, en particulier le Palais-Royal, résidence du Régent, devient ainsi le cœur de la vie politique. S’ensuit une période d’une intense effervescence culturelle qui donne naissance à un monde d’innovations philosophiques, économiques et artistiques : Voltaire, Marivaux, Montesquieu, Law, Watteau… en sont les héros les mieux connus. La frénésie économique et financière, avec l’invention du papier monnaie et la banqueroute de 1720, la ponctue de coups de théâtre retentissants.

Sous la Régence naît une liberté nouvelle de critiquer, ce que l’on appellera l’esprit des Lumières.

La structure thématique choisie pour le parcours de l’exposition met en évidence les innovations de la période pour en mesurer leur portée historique.

Plus de 200 œuvres (peintures, sculptures, œuvres graphiques, éléments de décors et de pièces de mobiliers), issues de collections publiques et privées, permettent d’explorer cette période de l’histoire et de rendre compte des mutations de la société au moment où Paris s’impose comme la capitale culturelle de la France, et cela de manière durable.

 

PARCOURS DE L’EXPOSITION

Le 1er septembre 1715, Louis XIV meurt, au terme d’un très long règne. Tous ses héritiers sont morts avant lui, sauf son arrière-petit-fils, le duc d’Anjou, futur Louis XV, un enfant âgé de cinq ans. Le pouvoir est confié à son neveu, Philippe d’Orléans, jusqu’à la majorité du nouveau roi, fixée à treize ans. C’est la Régence.

La Régence a longtemps été vue comme un moment de rupture radicale, illustré par une politique de réformes novatrices et le retour de la paix aux frontières. Aujourd’hui, les historiens la considèrent toujours comme une période d’ouverture politique et de changements importants, mais aussi comme une transition conservatrice qui vise à maintenir la monarchie absolue.

Le premier changement important est le départ du roi, du gouvernement et de la cour de Versailles à Paris. Souhaité par Louis XIV, mais pour une durée brève, ce déplacement dure sept ans. Le Régent veut rester à Paris.

Le deuxième changement est l’incarnation du pouvoir en la personne attachante, impénétrable et parfois scandaleuse de Philippe d’Orléans, très éloignée de celle de Louis XIV : libertin, c’est-à-dire libre penseur, athée, artiste, débonnaire et autoritaire en même temps.

Le troisième changement procède des deux premiers : c’est la cohabitation retrouvée du pouvoir politique et du pouvoir culturel à Paris. Dans une effervescence enjouée mais rythmée de scandales, de conspirations et de banqueroutes, Montesquieu, Voltaire et Marivaux connaissent leurs premiers succès, tandis que Watteau invente la nouvelle peinture.

« C’est un bel enfant. Il a de grands yeux très noirs, le visage rond, une jolie petite bouche. »  Lettres de la Princesse Palatine, 18 novembre 1714

À la mort de Louis XIV s’ouvre une crise politique. Son testament est ambigu : il accorde les fonctions de chef du Conseil de régence à son neveu, le duc d’Orléans, mais réserve un rôle politique important au duc du Maine, son fils légitimé, aîné des quatre enfants qu’il a eus avec Mme de Montespan. Le duc et la duchesse du Maine tiennent alors au château de Sceaux une cour influente.

Coup de théâtre : le 2 septembre 1715, le duc d’Orléans obtient l’appui du parlement de Paris, qui ignore le testament de Louis XIV et le reconnaît comme régent de plein exercice, tandis que les prérogatives du duc du Maine sont réduites.

Avec une grande habileté politique, le Régent va s’affronter aux affaires urgentes : contenir les ambitions des princes qui cherchent à déstabiliser son pouvoir, faire revenir la paix aux frontières, apaiser les conflits religieux, enfin restaurer les finances du royaume.

 

La Régence : un nouveau régime ?

Le 9 septembre 1715, Louis XV quitte Versailles et s’installe au château de Vincennes. Le 12 septembre, une séance solennelle du Parlement installe officiellement la Régence. C’est la première apparition publique du roi.

Un système de sept conseils est mis en place, sous l’autorité d’un conseil principal, dit conseil de Régence. Les postes sont habilement distribués, y compris aux ennemis du régime, pour les neutraliser.

 

Le 30 décembre 1715, Louis XV quitte

Vincennes et s’installe au palais des Tuileries. Les meilleurs instructeurs l’initient alors à l’histoire et à la politique, à la géographie, à la botanique, mais aussi à la danse, à l’équitation et à la tactique militaire.

Il se promène souvent dans les rues de Paris à la rencontre de la population

« Notre Dauphin comprend déjà les cartes de géographie aussi bien que le ferait un homme. »

Lettres de la Princesse Palatine, 18 novembre 1714

Préserver la paix aux frontières

Conspirations et ambassades à Paris

La guerre de succession d’Espagne a épuisé la France : la paix est une nécessité. L’abbé Dubois, conseiller du Régent, pousse au rapprochement avec les anciens ennemis, l’Angleterre, la Hollande et l’empire germanique.

Le roi d’Espagne, qui rêve d’expansion en Europe, est isolé. Paris devient le centre de la diplomatie européenne.

Au printemps 1717, le tsar Pierre Ier de Russie, un allié encombrant, s’invite à Paris. Il y est reçu avec faste, mais il est tenu à l’écart des alliances diplomatiques. Tout aussi délicate, une ambassade de l’empire ottoman, ennemi de l’empire germanique, est reçue en mars 1721.

En 1722, à l’initiative de l’abbé Dubois, les fiançailles de Louis XV avec l’infante d’Espagne scellent la réconciliation entre les deux pays. L’Europe est enfin en paix.

Restaurer les finances : le Système de Law

En 1716, le Régent tente une politique de rigueur par la réévaluation de la monnaie : un nouveau louis d’or, dit de Noailles, doit rétablir la confiance.

Mais bientôt, l’économiste écossais John Law le convainc de procéder à d’autres réformes : il obtient, entre 1717 et 1719, la réunion des compagnies de commerce et la création d’une banque royale. L’invention du papier-monnaie couronne cette expérience. C’est ce qu’on appelle le « Système de Law ».

Victime d’une spéculation effrénée, celui-ci s’emballe et s’effondre en 1720. Entretemps, l’État s’est néanmoins désendetté et le commerce a prospéré.

Simultanément, les échanges avec les colonies, notamment avec les « îles à sucre » des Antilles, sont en plein essor : l’esclavage est ainsi au cœur de cette nouvelle économie.

« Je m’étendis un peu avec le régent sur les points de son gouvernement : Law et sa banque ; l’alliance d’Angleterre jusqu’à l’ensorcellement, pour la fortune de l’abbé Dubois. »  Duc de Saint-Simon, Mémoires, année 1719

 

UN NOUVEL ART DE VIVRE

Le retour de la cour et l’installation des administrations à Paris en 1715 accélèrent un phénomène déjà amorcé au tournant du siècle.

Les commandes royales se raréfient, laissant à diverses personnes privées l’initiative d’un goût nouveau. Les sculpteurs et menuisiers qui travaillaient pour la cour continuent à exercer au sein de demeures en construction dans les faubourgs Saint-Germain ou Saint-Honoré.

L’effervescence dans la création mobilière va de pair, à Paris, avec une hausse de la consommation des produits de luxe : porcelaines importées d’Asie, bronze doré… séduisent une clientèle locale mais aussi internationale. Les boutiques comme celle d’Edme-François Gersaint, reçu en 1720 dans la corporation des marchands merciers, commercialisent meubles et objets qui sont le fruit du savoir-faire de différents corps de métiers rivalisant d’excellence (menuisiers-ébénistes, fondeurs, orfèvres…). Paris donne le ton en France et en Europe

Les transformations de Paris

Le Régent s’intéresse à Paris mais l’état des finances ne lui permet pas d’engager des chantiers importants : il fait construire de nouvelles fontaines, dont un château d’eau devant le Palais-Royal. L’axe des Champs-Élysées est réaménagé : on construit un pont tournant au bout du jardin des Tuileries, la place Louis XV (actuelle place de la Concorde) est mise en projet.

Courtisans et financiers font construire de nouveaux hôtels dans les faubourgs Saint-Germain et Saint-Honoré. L’hôtel d’Évreux (actuel palais de l’Élysée), l’hôtel de Matignon ou le palais Bourbon sont alors édifiés.

Philippe d’Orléans continue de moderniser sa demeure, le Palais-Royal.

Quelques rues plus loin, le comte de Toulouse redécore avec faste la galerie de son hôtel particulier.

Un âge d’or des arts décoratifs

La recherche de confort contribue à faire évoluer l’ameublement. La silhouette des sièges, tables-consoles, bureaux ou bibliothèques s’affranchit de la rigueur austère du siècle précédent pour s’animer de courbes et contrecourbes. Leur décor, comme celui des boiseries, s’enrichit d’ornements inspirés de la nature, qui se mêlent aux influences du baroque italien méditées par Gilles-Marie Oppenord, architecte du Régent, ou aux espagnolettes, ces bustes féminins en bronze doré popularisés par l’ébéniste Charles Cressent. Sont posées les fondations du style dit « rocaille ». Le « style Régence » fait cohabiter ces formes et ornements nouveaux, envahissant l’intérieur et l’extérieur des demeures, avec le vocabulaire décoratif développé sous les dernières années du règne de Louis XIV

 

PHILIPPE D’ORLÉANS

UN HOMME ÉCLAIRÉ AU POUVOIR

Philippe d’Orléans est curieux de tout et semble doué pour tout : il aime spécialement la peinture, qu’il apprend auprès d’Antoine Coypel, et la musique, enseignée par Marc-Antoine Charpentier ou CharlesHubert Gervais.

Lorsqu’il devient régent, ce prince artiste n’a plus le temps de pratiquer lui-même et les finances publiques sont à sec. Néanmoins il sait donner un souffle de renouveau, notamment dans le monde des arts et des spectacles.

La cour s’est éparpillée dans Paris où chacun veut tenir son rang : les salons se multiplient, on y discute littérature, politique, art, on y écoute de la musique.

On joue beaucoup aussi : aux dés, aux cartes, aux échecs, au billard. En dehors de ces cénacles privés, la population parisienne profite également de cette effervescence : des fêtes publiques sont régulièrement données, notamment dans les jardins des Tuileries.

Autour du Palais-Royal, les cafés se multiplient : le café de la Régence, installé rue Saint-Honoré, devant l’Opéra, sera le plus célèbre.

Philippe d’Orléans - Peintre et musicien

Dans sa jeunesse, Philippe d’Orléans a appris à peindre auprès d’Antoine Coypel. Il se passionne pour cet art : il peint dès qu’il en a le temps.

La série des tableaux réalisés sur le thème de Daphnis et Chloé est son œuvre la plus aboutie. Il est aussi un très grand collectionneur de peintures.

Mais il est surtout un musicien accompli, violiste, flûtiste et claveciniste, et compositeur, ce qui est plus rare pour un prince : on conserve de lui deux opéras, La Suite d'Armide ou La Jérusalem délivrée, créé en 1704, et Penthée, créé en 1705. Devenu régent, il ne compose plus par manque de temps, mais continue d’être un mécène influent sur la scène musicale.

Il soutient notamment Charles-Hubert Gervais, un de ses maîtres, qui triomphe à l’Opéra en 1717 avec Hypermnestre.

« Il avait eu la plus belle éducation qu’on puisse avoir, sachant tout : peindre assez joliment, la musique parfaitement… » Edmond-Jean-François Barbier, Chronique de la Régence et du règne de Louis XV (1718-1763),  année 1723

La renaissance du théâtre

Un mois après la mort de Louis XIV, tous les spectacles sont autorisés à reprendre le 1er octobre 1715. La comédie italienne, qui était interdite à Paris depuis 1697, fait son retour en mai 1716 : l’acteur Luigi Riccoboni en prend la direction. La salle de l’hôtel de Bourgogne est rénovée. On y joue bientôt en français. Marivaux y crée ses premières pièces à succès.

Une forte rivalité reprend alors avec la Comédie-Française : les deux compagnies montent ainsi des pièces d’actualité.

En 1720, Louis XV danse dans un ballet, Les Folies de Cardenio. Charles Coypel, fils d’Antoine Coypel, peintre et auteur dramatique, est l’auteur du livret inspiré du Don Quichotte de Cervantès. La salle de spectacle des Tuileries, abandonnée depuis 1682, rouvre en 1721

« Ne valoir rien, tromper son prochain, lui manquer de parole, être fourbe et mensonger, voilà le devoir des grandes personnes de ce maudit endroit-ci. » Marivaux, La Double Inconstance, Acte II, scène 1, 1723

La Régence libertine

Un bal masqué public est inauguré à l’Opéra du Palais-Royal pour le carnaval de 1716, ouvert à tous, moyennant le paiement d’un écu.

Toutes les audaces y semblent permises : le Régent et sa fille, la duchesse de Berry, jeune veuve, y cherchent l’aventure.

La Régence est restée dans les mémoires associée à l’idée de débauche.

Philippe d’Orléans lui-même donne souvent l’exemple par ses excès.

Son ami, le mémorialiste Saint-Simon, évoque ainsi les « petits soupers » du Palais-Royal, réunions très privées auxquelles il n’a pourtant jamais assisté. D’autres sociétés libertines, telle celle de Philippe de Vendôme, accueillent les libres penseurs. Voltaire y fait ses débuts.

Satiristes et pamphlétaires en font une arme politique pour discréditer le Régent et ses proches.

« On disait des ordures à gorge déployée, et des impiétés à qui mieux mieux, et quand on avait bien fait du bruit, et qu’on était bien ivre, on s’allait coucher, et on recommençait le lendemain.»  Duc de Saint-Simon, Mémoires, année 1716

Les salons littéraires

Mme de Lambert tient le salon le plus influent de l’époque dans ses appartements de l’hôtel de Nevers, qui voisinent avec la banque de Law.

Renaît alors la querelle des Anciens et des Modernes : Houdar de La Motte et Fontenelle, proches du Régent, prennent la tête des Modernes.

Le jeune Voltaire cherche sa voie dans les salons contestataires : embastillé en 1717 pour avoir colporté des rumeurs contre le Régent, il triomphe dès 1718 avec une tragédie, Œdipe. Mme de Tencin fait ses débuts dans la finance et dans la politique, avant de s’imposer dans les milieux littéraires.

En 1721, Montesquieu publie les Lettres persanes, livre interdit par la censure mais qui connaît un grand succès : deux Persans de fantaisie, Usbek et Rica, y moquent les mœurs de la société parisienne

« La fureur de la plupart des Français, c’est d’avoir de l’esprit. Et la fureur de ceux qui veulent avoir de l’esprit, c’est de faire des livres. » Montesquieu, Lettres persanes, lettre LXIV, 1721

Watteau, Venise et les innovations de la peinture

Le nom de Watteau est lié à Paris et à la Régence. Il est le peintre des comédiens italiens, des musiciens et des amours pastorales – en quelque sorte le double de Marivaux. Il accède à la célébrité en 1717, en entrant à l’Académie royale de peinture avec le Pèlerinage à l’île de Cythère.

Mais c’est en 1720, peu avant de mourir, qu’il réalise son chef-d’œuvre le plus parisien, L’Enseigne de Gersaint, visible brièvement sur le pont Notre-Dame.

Sous l’impulsion du Régent, la Vénitienne Rosalba Carriera entre à l’Académie en 1720. Elle est hébergée dans l’hôtel du financier Pierre Crozat que fréquente Watteau, mais aussi le Régent qui vient parfois y écouter de la musique italienne. Son beau-frère, le peintre Pellegrini, décore alors la galerie de la banque de Law

LA FIN DE LA RÉGENCE

Le 15 juin 1722, Louis XV décide de retourner à Versailles et quitte Paris, une ville qu’il connaît parfaitement pour l’avoir parcourue souvent pendant sept ans. Le 25 octobre, il est sacré à Reims.

L’année suivante, un nouveau lit de justice vient officialiser sa majorité, le 22 février 1723 : c’est la fin de la Régence. Philippe d’Orléans garde néanmoins le pouvoir avec Guillaume Dubois, devenu Premier ministre.

Mais celui-ci meurt le 10 août suivant. Le 3 décembre, l’ancien Régent décède à son tour. La page est définitivement tournée. Le jeune duc de Bourbon, chef de la maison de Condé, devient alors Premier ministre.

Philippe d’Orléans laisse un pays en paix, des finances restaurées et une monarchie consolidée. Il laisse aussi l’image persistante et brouillée d’un libertin, esprit impénétrable et libre jusqu’à l’excès, viscéralement attaché à ses plaisirs, à la peinture, à la musique et à Paris.

Paris est redevenue sous la Régence une place politique et culturelle de premier plan : à nouveau désertée par le roi, elle conservera néanmoins ce rôle tout au long du 18e siècle.

Une exposition virtuelle consacrée au legs Bouvier

https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/FR/PARCOURS-THEMATIQUES/LEGSBOUVIER

Le goût d’une antiquaire parisienne : la collection Henriette Bouvier léguée au musée Carnavalet, reflet des arts décoratifs français au 18e siècle

La collection léguée il y a près d’un demi-siècle par Mme Henriette Bouvier (1887-1965), antiquaire parisienne, au musée Carnavalet – Histoire de Paris comprend des pièces de mobilier et d’arts décoratifs parisiens du 18e  siècle, d’une très grande variété. Composée de plus de 300 œuvres, elle est présentée ici dans son intégralité, à travers une exposition virtuelle.

Entrée au musée en 1966, la collection Bouvier est exposée au public en 1968. Elle prend place dans une suite d’une quinzaine de salles du parcours permanent, réaménagées pour l’occasion. Elle reflète parfaitement l’inventivité et la variété des arts décoratifs français au 18e siècle.

Cette collection a permis de meubler des salles dotées de boiseries du 18e siècle pour les transformer en véritables period rooms, c’est-à-dire des pièces recréant l’atmosphère des intérieurs d’une période historique.

Elle comprend un très bel ensemble de mobilier de menuiserie (sièges, consoles, miroirs) et d’ébénisterie (tables, bureaux, secrétaires ou commodes) auquel s’ajoutent des céramiques européennes et asiatiques, des sculptures de petit format, des luminaires, des textiles, permettant une immersion dans le décor raffiné d’un intérieur « parisien » du 18e siècle recomposé au 20e siècle

 

Le catalogue de l’exposition

La Régence à Paris (1715-1723)

L’aube des Lumières

Sous la direction de José de Los Llanos et Ulysse Jardat

256 pages, 220 illustrations - Publié par Paris Musées Conception graphique : Building Paris - 39 € - ISBN: 978-2-7596-0570-5

La Régence commence officiellement le 2 septembre 1715, à la mort de Louis XIV, par un véritable coup d’État. Sous le règne du Régent, Philippe d’Orléans, Paris change : le jeune Louis XV quitte Versailles et s’installe à Paris, au palais des Tuileries, où il demeure jusqu’en juin 1722. Le Régent lui, s’installe au Palais-Royal.

Ce livre expose, avec une grande acuité historique, les mutations socio-économiques, culturelles et esthétiques à l’œuvre. Le développement de nouvelles sociabilités, notamment féminines, les heurts retentissants d’une criminalité violente, une spéculation financière sans précédent, l’essor notable des périodiques, les nouveautés des comptoirs commerciaux et du luxe – dont l’élite marchande est représentée par la célèbre Enseigne peinte par Watteau et les débuts d’une extraordinaire esthétique rocaille – rendent compte d’une modernité plurielle. C’est à Paris, sous la Régence, que les premières manifestations des Lumières voient ainsi le jour.

« La Régence est tout un siècle en huit années », selon l’historien Jules Michelet. Cet ouvrage en dresse le récit.

Avec les textes de : Jean-Dominique Augarde, Nicolas Courtin, Isabelle Dérens, Anne Dion-Tenenbaum, Alexandre Dupilet, Guillaume Faroult, Fadi El Hage, Philippe Hourcade, Ulysse Jardat, Charlotte Lacour-Veyranne, Laurent Lemarchand, José de Los Llanos, Laurent Lemarchand, Pierre-Louis Lensel, Arnaud Manas, Françoise Mardrus, Jean-Paul Montagnier, Pascale Mormiche, Arnaud Orain, Régine de Plinval de Guillebon, Thierry Sarmant, Chantal Thomas, Valentine Toutain-Quittelier, Catherine Volpilhac-Auger.

« La Régence est une période entourée d’une aura particulière qui tient pour beaucoup à la personnalité même du Régent. Philippe d’Orléans est un prince curieux de tout et doué pour tout, les sciences, la musique, la peinture… Dérogeant aux règles de la cour, il aime la ville, Paris, plutôt que Versailles.

Il n’aime pas la chasse et lui préfère l’opéra. Il est aussi libre penseur, libertin et volontiers impie : l’anecdote rapportée par Saint-Simon, qui le montre lisant Rabelais et éclatant de rire pendant la messe, est célèbre. Ces derniers traits de caractère, qui nous le rendent aujourd’hui attachant et humain, n’ont pas servi sa réputation à son époque. Loin s’en faut ! Ils lui ont valu sa mise à l’écart par Louis XIV pendant quelques années et ont nourri la légende noire d’une Régence futile et libertine.

L’événement le plus important du moment, c’est l’installation du roi, du gouvernement et de la Cour à Paris. Souhaité par Louis XIV, mais pour une durée brève, ce déplacement dure sept ans par la volonté du Régent qui veut rester à Paris, qui n’aime vivre qu’à Paris. S’ensuit une cohabitation retrouvée du pouvoir politique et du pouvoir culturel dans la capitale. Dans une effervescence que l’on imagine enjouée mais qui est rythmée de scandales, de conspirations et de banqueroutes, Montesquieu, Voltaire et Marivaux connaissent leurs premiers succès. »

« S’il est un domaine artistique dont la taxonomie demeure communément greffée, pour la période de l’Ancien Régime, aux règnes respectifs des monarques, c’est bien celui des arts décoratifs.

Mais parler de la régence de Philippe II d’Orléans comme de la période emblématique d’un style peut sembler paradoxal, puisque c’est précisément par l’absence d’une autorité politique dotée du pouvoir d’endosser un rôle d’arbitre officiel du renouveau des modes et de la création artistique qu’elle peut être caractérisée. On conserve très peu de témoignages du goût du Régent en matière d’arts décoratifs. S’il fut sans conteste un esthète remarqué, mécène de tous les arts, aucun décor, aucun meuble ne lui est strictement rattaché. »

« Le Roi-Soleil est mort, vive les Lumières ? Il serait trop simple d’imaginer qu’en 1715, les digues sont rompues, et qu’à la vieillesse d’une royauté absolue succède la jeunesse d’une Régence avide de nouveautés. Les idées vivent leur vie, longtemps souterraine ou diffuse, avant de devenir sensibles et actives dans une œuvre, chez un auteur : depuis le milieu du XVIIIe siècle s’est répandue la «  philosophie moderne », celle de Descartes, qui, grâce à la raison et au doute méthodique, ouvre des horizons nouveaux ; elle est bientôt relayée, à partir des années 1670, par le libre examen de la Bible d’un Spinoza ou d’un Richard Simon, ou, à la fin du siècle, par l’esprit critique de Pierre Bayle, qui s’attaque à l’histoire mais n’épargne aucun domaine. « Pensez par vous-même » devient un mot d’ordre qui se propage tout au long du XVIIIe  siècle, jusqu’à sa formulation la plus énergique par Kant : Sapere aude (1784). Ce mouvement, que prolonge aujourd’hui toute voix se réclamant de la raison contre les préjugés et les usages justifiés par les seules traditions, s’amorce bien avant la Régence ;  c’est néanmoins durant ces sept ou huit années intenses qu’il prend conscience de lui-même, s’élargit et se renforce ; de ces années, il fait, non une parenthèse ou une transition entre deux mondes, mais un moment privilégié où s’invente une nouvelle manière de penser. Quand le Régent quitte la scène en 1723, les Lumières sont nées. »

Extrait du texte introductif de José de Los Llanos (page 8)

« S’il est un domaine artistique dont la taxonomie demeure communément greffée, pour la période de l’Ancien Régime, aux règnes respectifs des monarques, c’est bien celui des arts décoratifs. Mais parler de la régence de Philippe II d’Orléans comme de la période emblématique d’un style peut sembler paradoxal, puisque c’est précisément par l’absence d’une autorité politique dotée du pouvoir d’endosser un rôle d’arbitre officiel du renouveau des modes et de la création artistique qu’elle peut être caractérisée. On conserve très peu de témoignages du goût du Régent en matière d’arts décoratifs. S’il fut sans conteste un esthète remarqué, mécène de tous les arts, aucun décor, aucun meuble ne lui est strictement rattaché. »

« Le Roi-Soleil est mort, vive les Lumières ? Il serait trop simple d’imaginer qu’en 1715, les digues sont rompues, et qu’à la vieillesse d’une royauté absolue succède la jeunesse d’une Régence avide de nouveautés. Les idées vivent leur vie, longtemps souterraine ou diffuse, avant de devenir sensibles et actives dans une œuvre, chez un auteur : depuis le milieu du XVIIIe  siècle s’est répandue la  «  philosophie moderne », celle de Descartes, qui, grâce à la raison et au doute méthodique, ouvre des horizons nouveaux ; elle est bientôt relayée, à partir des années 1670, par le libre examen de la Bible d’un Spinoza ou d’un Richard Simon, ou, à la fin du siècle, par l’esprit critique de Pierre Bayle, qui s’attaque à l’histoire mais n’épargne aucun domaine. « Pensez par vous-même » devient un mot d’ordre qui se propage tout au long du XVIIIe siècle, jusqu’à sa formulation la plus énergique par Kant : Sapere aude (1784). Ce mouvement, que prolonge aujourd’hui toute voix se réclamant de la raison contre les préjugés et les usages justifiés par les seules traditions, s’amorce bien avant la Régence ; c’est néanmoins durant ces sept ou huit années intenses qu’il prend conscience de lui-même, s’élargit et se renforce ; de ces années, il fait, non une parenthèse ou une transition entre deux mondes, mais un moment privilégié où s’invente une nouvelle manière de penser. Quand le Régent quitte la scène en 1723, les Lumières sont nées. »

Extrait du texte introductif de José de Los Llanos (page 8)

Extrait du texte Manifestations parisiennes du "style Régence" de Ulysse Jardat (page 113)

Extrait du texte La Régence à l'aube des Lumières, de Catherine Volpilhac-Auger (page 163)

 

POUR EN SAVOIR PLUS

Réservation en ligne sur www.billetterie-parismusees.paris.fr

Groupes

Visites en autonomie ou accompagnées par des intervenantes culturelles du musée.

Renseignements et réservations via le site Internet ou par mail à l’adresse :

carnavalet.publics@paris.fr

 

DES DISPOSITIFS NUMÉRIQUES ET AUDIOVISUELS

Une cartographie interactive propose aux visiteurs de découvrir les bâtiments majeurs construits à Paris sous la Régence ainsi que les lieux où se sont déroulés certains événements politiques. Des dispositifs vidéos viendront présenter des lieux d’exception (la Galerie Dorée de la Banque de France ou la Galerie d’Enée du Palais Royal). Un second dispositif interactif réalisé par une équipe universitaire et pluridisciplinaire présente une restitution 3D du pont Notre-Dame et de l’enseigne de Gersaint d’Antoine Watteau qui y était exposée.

Une sélection d'extraits de films et de musiques emblématiques de la Régence est également proposée au sein du parcours de l'exposition.

UNE APPLICATION DE VISITE GRATUITE

Les commissaires de l’exposition accompagnent les visiteurs tout au long de leur visite grâce à un parcours sonore disponible via l’application de visite gratuite du musée Carnavalet.

José de Los Llanos et Ulysse Jardat, commissaires de l'exposition, partagent leurs regards sur une sélection d’œuvres et approfondissent les différentes thématiques abordées dans l’exposition.

À travers leurs commentaires, il est possible de plonger dans l’histoire de Paris au temps de la Régence, de l’entrée du roi par la porte Saint-Antoine, jusqu’à son départ en 1722 en passant par les transformations de la ville et par la découverte de la vie économique, artistique, culturelle et libertine de cette époque.

 

Crédits photographiques et légendes

Augustin Justinat, Louis XV, roi de France, 1717

© Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon,

Dist. RMN-Grand Palais / Photo : Christophe Fouin

 

Le musée Carnavalet - Histoire de Paris

Installé dans les hôtels Carnavalet et Le Peletier de Saint-Fargeau, au cœur du Marais, le musée Carnavalet est le lieu de référence de l’histoire de Paris.

Ses collections, qui comprennent environ 625 000 œuvres, en font l’un des principaux musées français. Peintures, sculptures, pièces de mobilier, boiseries, objets d’art décoratif et d’histoire, enseignes, photographies, dessins, estampes, affiches, médailles, monnaies, collections d’archéologie... 3 800 œuvres sont présentées dans un cadre historique exceptionnel, permettant au visiteur de voyager à travers la capitale, de la Préhistoire à nos jours. L’histoire de Paris est retracée de manière unique et vivante : à la fois historique, documentaire, sentimentale et proche des Parisiennes et des Parisiens.

Le musée propose une expérience de visite intergénérationnelle avec 10% des œuvres exposées à hauteur d’enfant, une démarche d’accessibilité universelle et des dispositifs numériques qui enrichissent la connaissance d’épisodes parisiens majeurs.

Construit selon un fil chronologique continu, le parcours du musée Carnavalet - Histoire de Paris dévoile ses plus grands trésors historiques : une pirogue du Néolithique, un portrait de Madame de Sévigné par Claude Lefèbvre, le tableau de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de Jean-Jacques-François Le Barbier donné au musée par Georges Clémenceau, le décor de la bijouterie Fouquet réalisée en 1901 par Alfonse Mucha, la fameuse enseigne du cabaret Le Chat Noir créée par le peintre Adolphe-Léon Willette, ou encore la chambre de Marcel Proust.

 

INFORMATIONS PRATIQUES

MUSÉE CARNAVALET – HISTOIRE DE PARIS

23 rue de Sévigné – 75003 Paris

T 01 44 59 58 58

www.carnavalet.paris.fr

La réservation d’un billet horodaté pour accéder aux expositions est conseillée sur

www.billetterie-parismusees.paris.fr

 

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